4 ans après la C70, qui a rebattu les cartes chez Canon, la marque japonaise revient cette année avec son nouveau modèle directement inspiré de sa grande sœur : la C80. Qu’on pourrait résumer en 4 mots : la même, en mieux.
Un design repris de la C70
La Canon EOS C80 est une caméra de cinéma compacte et encore plus polyvalente que sa prédécesseure.

Elle reprend à peu de choses près le même design que celui de la C70, mais avec des améliorations notables, notamment son écran qui était un des talons d’Achilles de la C70. Celui de la C80 reprend certes la même charnière mais celle-ci a été renforcée et un mécanisme de blocage maintient désormais l’écran une fois en place contre le corps caméra. La dalle de l’écran a également été remplacée par un nouveau modèle plus lumineux de 1000nits, le rendant utilisable même en plein soleil.

Ce qui vous sera bien utile pour voir les quelques nouvelles fonctionnalités que Canon a intégré dans cette C80. Elles ne sont certes pas révolutionnaires mais elles manquaient cruellement sur la C70. Je veux bien sûr parler du niveau électronique, pour ajuster parfaitement votre caméra et du témoin d’enregistrement sur écran, agissant comme un Tally pour donner une indication plus évidente que l’enregistrement est en cours. Il est disponible en 3 positions et peut également servir à indiquer quand la caméra est en preview ou à l’antenne, lors d’un live multicam.

Mais une des grosses nouveautés de cette C80, c’est l’apparition d’un port 12G-SDI permettant de sortir des signaux jusqu’en 4K à 60 images par seconde. Un ajout plus que bienvenu tant il avait été l’objet de frustrations sur la C70 qui ne possédait qu’un port HDMI. Et d’ailleurs celui de la C80 permet de sortir un signal en RAW 6K vers les enregistreurs externes compatibles.

Un port RJ45 fait aussi son apparition à l’arrière de la caméra, confirmant que cette C80 est beaucoup plus apte à faire du broadcast que ne l’était la C70.

Canon a également ajouté un pas de vis ¼” supplémentaire sous la caméra, permettant ainsi d’y fixer des plaques de trépied sans risque que la caméra ne pivote sur son axe.
Le joystick a également été repositionné et redesigné, s’inspirant des derniers appareils photo Canon pour offrir une prise en main plus intuitive.
Canon a aussi intégré une griffe multi-fonction, permettant d’y brancher des accessoires connectés de la marque et en a profité pour redessiner entièrement la poignée supérieure de la C80 offrant une poignée plus moderne bien qu’encore limitée à une seule griffe cold shoe, là où on aurait aimé trouver au moins deux griffes en plus de quelques pas de vis kodaks pour y fixer des accessoires. Sa nouvelle forme en tout cas la rend bien plus agréable à utiliser et à transporter lors des tournages.

La C80 utilise également les nouvelles batteries BP-A30N de Canon introduites avec la C400 qui permettent une plus grande puissance et une capacité légèrement supérieure. Les anciennes batteries BP-A30 classiques restent néanmoins compatibles. La griffe multi-fonction ne sera juste pas alimentée.
Quant au reste du design, on retrouve tout ce qui a fait le succès de la C70, avec énormément de boutons assignables tout autour de la caméra, des filtres ND internes, 2 ports mini-XLR et un port Jack pour des prises de son à 4 canaux, un port HDMI, un port USB-C, etc…

Nouveau capteur BSI Full Frame
Parlons maintenant de l’intérieur de cette C80. Car la grosse nouveauté se trouve juste derrière sa monture RF puisqu’elle intègre désormais un capteur 6K full frame rétro-éclairé de 26.7 mégapixels. Il s’agit du même capteur que celui présent dans la C400 afin que les deux caméras se marient parfaitement sur le terrain et en post-production.
Il en résulte des images en 6K jusqu’à 30 images par secondes avec 16 diaph de dynamique, le tout en Cinema RAW Light LT 12bit. Et bien évidemment la 4K est également disponible dans ce format, à condition de repasser en Super35. Le Cinema RAW Light permet alors de choisir entre deux niveaux de compression, LT ou ST et de monter jusqu’à 60 images par seconde comme sur la C70.
Et là les plus observateurs d’entre-vous auront remarqué que la C80 et la C400 sont annoncées avec 16 diaph de dynamique là ou la C70 était annoncée avec + de 16 diaph de dynamique grâce à son capteur DGO, que Canon a d’ailleurs abandonné depuis pour ce nouveau capteur BSI. Sauf que cette micro perte de dynamique est compensée par un énorme gain… celui du triple ISO natif de ces deux nouvelles caméras.

Oui vous avez bien entendu, la C80 et la C400 disposent de 3 ISO natifs. Etant donné que chaque profil d’image a ses propres valeurs et pour des questions de simplicité, on va se concentrer sur ceux qui nous intéressent le plus à savoir le Clog2, le Clog3 et le format RAW qui ont tous les trois les mêmes bases ISO à savoir 800, 3200 et 12.800 ISO.

Il est d’ailleurs possible de passer manuellement d’une base ISO à l’autre et même désormais de le faire automatiquement. Ainsi la caméra s’adapte en fonction de la luminosité de la scène, permettant des transitions en toute fluidité comme si elle était équipée d’un filtre variND.
On se retrouve alors avec une caméra qui possède une très grande dynamique tout en générant très peu de bruits dans les basses lumières, ce qui n’était pas le cas de la C70 qui n’avait qu’un seul ISO natif à 800 ISO.
Comparaison C70/C80

Et quand on compare les deux à 12.800 ISO, il n’y a clairement pas match, tellement la C80 surpasse la C70 dans la gestion du bruit en basse lumière et encore plus quand on vient à tourner en RAW, quand tous les effets de réduction du bruit sont désactivés.
Le capteur BSI permet également une lecture plus rapide des données de chaque ligne de pixel, réduisant ainsi le rolling shutter. La C70 n’était pas réputée pour présenter énormément de rolling shutter, mais c’est normal sur un capteur Super35. Dans le cas de la C80, le passage au full frame n’entraîne aucune augmentation du rolling shutter alors même que la surface de capteur est plus de 2 fois plus grande.

La C80 bénéficie également d’une belle mise à jour en matière d’autofocus. Celui de la C70 était déjà très bon, mais cette deuxième génération du Dual Pixel CMOS AF est encore meilleure ! Tout d’abord elle couvre désormais la totalité du capteur full frame de la caméra et ajoute à la détection des personnes, la détection des animaux (chiens et chats) offrant dans tous ces cas un suivi des yeux, des visages et des corps. Dans des situations de mouvements complexes, la caméra parvient à parfaitement garder le point sur le visage du sujet. On a cependant repéré un peu plus de décrochages au ralenti, ce qui n’est pas inhabituel pour ce type de caméras.

Supports d’enregistrement
Côté enregistrement, Canon reste sur un double slot SDXC en UHS-II, ce qui permet d’avoir des supports d’enregistrement très bon marché mais entraîne quelques contraintes en termes de débit puisque ces cartes sont moins rapides que les CFexpress type B de la C400 par exemple. Ainsi le RAW 6K est limité à 30 images par seconde maximum, son débit plafonnant déjà à 639Mbps. Lors de nos tests, nous avons remarqué que bien qu’il soit possible d’enregistrer en RAW sur des cartes UHS-II en V60 (leur débit minimum garanti étant de 480Mbps) il est recommandé de s’orienter vers des V90, ayant un débit minimum garanti de 720Mbps et assurant ainsi une captation sans risques.

Mais rassurez-vous, la C80 propose tout plein d’autres formats adaptés aux débits de ses cartes mémoires.
On retrouve le fameux XF-AVC de Canon, un format de fichier développé pour les séquences DCI 4K ou UHD et adapté aux workflows professionnels. Son extension de fichier est en .MXF
En plus de ça, la C80 introduit deux nouveaux formats : le XF-AVC S et le XF-HEVC S, conçus pour une compression plus efficace et une gestion optimisée des fichiers. Ces formats utilisent un système de dénomination plus poussé que tout en conservant l’extension .MP4 chère aux créateurs de contenus. Ces deux formats, intégrent des informations clés telles que l’index de la caméra, le numéro de film, le numéro de clip, un ID aléatoire, un code défini par l’utilisateur, ainsi que la date et l’heure d’enregistrement, sans oublier un identifiant spécial pour des enregistrements spécifiques, ce qui simplifie la gestion des rushs. De plus, ils adoptent une structure cohérente avec celle du Cinema RAW Light, facilitant ainsi la gestion des fichiers et le montage.

Par ailleurs, le XF-HEVC S utilise le codec H.265, offrant une compression plus efficace mais exigeant des ressources système plus élevées lors du montage. Ce qui peut amener à devoir utiliser des proxys afin de pouvoir monter en toute fluidité.
Connectivité
Parlons maintenant de la connectivité sur cette nouvelle C80, car elle a reçu de sacrés ajouts !
Tout d’abord, le Wifi interne qui permet de contrôler la caméra à distance via des applications dédiées, telles que Canon Camera Connect (qui permet de contrôler jusqu’à 4 caméras et 5 groupes de 4 caméras) ou directement en Browser Remote, offrant un accès en temps réel aux paramètres de la caméra, à la visualisation des prises de vue, et même au déclenchement de l’enregistrement à distance.

Cela s’avère particulièrement utile dans des situations où l’accès direct à la caméra est limité, comme lors de tournages dans des endroits exigus ou lorsque la caméra est montée sur un grue ou un drone. De plus, le Wi-Fi facilite le transfert rapide des fichiers pour un pré-montage ou une diffusion immédiate sur les réseaux sociaux, sans avoir à retirer les cartes mémoire. Ce gain de temps et cette flexibilité d’utilisation sont des atouts majeurs pour les productions nécessitant une réactivité maximale.
Enfin, le Wi-Fi intégré permet également de profiter de la fonctionnalité de streaming IP en direct, offrant la possibilité de diffuser des images en temps réel vers une plateforme de streaming ou un serveur distant.
Et pour compléter cette connectivité sans fil, le port RJ45 de la C80 assure une connexion filaire stable et rapide. Elle sera particulièrement utile pour les environnements où une connexion Wi-Fi pourrait être instable et où une bande passante plus élevée est nécessaire pour le transfert de fichiers ou le streaming en haute qualité. L’interface RJ45 permet également une intégration facile dans des réseaux de production complexes grâce au protocole XC. Ce protocole permet de gérer jusqu’à 200 caméras en Ethernet, facilitant ainsi la gestion des configurations multi-caméras. De plus, il est compatible avec des applications de contrôle à distance, rendant les réglages et l’affichage des images accessibles en temps réel, que ce soit en studio ou sur le terrain.
VR et Production Virtuelle

La C80 est également compatible avec le système EOS VR, ce qui en fait le choix idéal pour les productions en réalité virtuelle. Grâce à sa monture RF, elle peut utiliser des optiques dédiées, comme le Canon RF 5.2mm F2.8L Dual Fisheye, pour capturer des séquences stéréoscopiques en haute résolution, prêtes pour la VR 180°. Le workflow EOS VR, incluant EOS VR Utility et un plug-in pour Adobe Premiere Pro, facilite la conversion et le traitement des séquences.
Enfin, la Canon EOS C80 s’intègre parfaitement dans les workflows de productions virtuelles et de VFX. Grâce à sa compatibilité avec les métadonnées optiques via Ethernet, elle permet de transmettre des informations image par image en temps réel dans des plateformes telles qu’Unreal Engine, en utilisant des plugins dédiés comme Live Link de Canon.
En post-production, les métadonnées des objectifs peuvent être facilement intégrées dans des logiciels comme Adobe After Effects via un plugin Canon, assurant un suivi précis des informations pour que les effets visuels correspondent parfaitement à l’image. Tout ceci fait de la C80 une caméra parfaitement adaptée aux tournages sur volumes LED en production virtuelle.
Conclusion

En bref, la Canon EOS C80 est une caméra cinéma compacte qui reprend le design robuste de la C70 tout en corrigeant les principaux reproches qui avaient pu être faits à sa prédécesseure. Équipée d’un capteur 6K Full Frame, tout droit venu de la C400, elle offre une qualité d’image exceptionnelle et une polyvalence totale grâce à son triple ISO natif, la rendant idéale pour le cinéma, le documentaire, et les productions en direct. En ajoutant un port SDI, le Wi-Fi en interne, un port RJ45 et un écran plus lumineux, Canon a su tenir compte des retours utilisateurs sur la C70 et nous livre là une copie presque parfaite pour une caméra qui se veut résolument tournée vers les nouvelles pratiques audiovisuelles telles que les tournages en Production Virtuelles et les VFX.
Retrouvez notre présentation vidéo de la Canon EOS C80 sur notre chaine YouTube
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This article doesn’t mention that C70 has better DR than C80.