Il y a quelques années on vous a présenté sur cette chaîne le R5C, c’était alors le premier boîtier Canon à mélanger à la fois leur univers photo et cinéma. Un très bon boîtier mais qui n’était pas exempt de quelques défauts… des défauts que Canon a quasi intégralement corrigés en 2025 en annonçant sa remplaçante : la Canon EOS C50.
Comme son nom l’indique, la C50 se positionne dans la gamme cinéma EOS de Canon, en dessous de la C80 et au-dessus du R5C. C’est d’ailleurs la plus petite caméra de la gamme aussi bien en encombrement qu’en poids puisqu’elle ne pèse que 665g.

La première chose qui saute aux yeux donc quand on voit cette caméra sans sa poignée supérieure c’est sa compacité et pourtant quand on retire son capuchon on découvre un capteur plein format 7K au ratio 3:2 exploitable en open gate en vidéo, une première dans la gamme Cinema EOS de Canon et qui était réclamé depuis un moment par de nombreux utilisateurs notamment ceux adeptes des tournages en anamorphique.

Ce capteur permet donc des images pleines de détails en 7K quand vous filmez en Cinéma RAW Light et des images en 4K sur-échantillonnées quand vous filmez dans un des codecs proposés par Canon. Dans ces codecs d’ailleurs vous pouvez monter jusqu’à 120 images par seconde en 4K, ça on a l’habitude maintenant mais également à 180 images par seconde en 2K sans crop contrairement à la C80 qui passait alors en Super 35.
On y retrouve également tout ce qui a fait le succès de la gamme Cinema EOS de Canon, le CanonLog 2 pour les tournages nécessitant un étalonnage poussé, le CanonLog 3 idéal pour débuter en étalonnage ainsi que la possibilité d’enregistrer des LUT personnalisées faites depuis DaVinci Resolve, que ce soit pour servir de LUT d’affichage ou pour l’appliquer directement sur vos rushs… et vous verrez, il y a un cas bien précis où avec cette C50 ça peut être très utile, mais je vous en reparle un peu plus tard.

Là où cette C50 surpasse largement son prédécesseur, c’est sur le volet audio. On a beau adorer le R5C, il est difficile de passer outre le fait qu’il ne possède qu’une pauvre prise Mini-Jack ce qui est vraiment limitant pour un usage professionnel. La C80 quant à elle embarque 2 ports mini-XLR qui peuvent convenir à certains mais sont quand même plus fragiles que du XLR classique. C’est pourquoi, cette C50 fait un espèce de pas de côté et revient à une solution qu’on trouvait déjà il y a déjà 10 ans sur les C100 Mark II : une poignée avec 2 vraies prises XLR, des connectiques robustes et surtout très répandues dans le milieu de l’audio professionnel. Ils ont même repris le bouton REC sur la poignée, ce qui est extrêmement pratique quand vous filmez au raz du sol. Mais la vraie nouveauté de cette poignée justement, on ne la voit pas : c’est qu’elle se relie sans câble apparent à la caméra via sa fameuse griffe multifonction que Canon exploite enfin pleinement sur ses boîtiers. On a ainsi une interface audio professionnelle en 24-bit sur laquelle connecter 2 micros externes sans oublier pour autant le port mini-jack qui reste sur le corps caméra ce qui donne en tout jusqu’à 4 pistes audio.


Sur le corps caméra on retrouve également du HDMI full size, de l’USB-C, capable de recharger la caméra avec certaines batteries compatibles Power Delivery mais également de communiquer en réseau avec les pupitres Canon en utilisant leur protocole XC via un adaptateur USB-C vers RJ45 ainsi qu’une autre prise mini-jack pour y brancher un casque et surveiller son niveau sonore. On retrouve également une prise mini-DIN pour le Timecode et une prise remote E3 2.5mm pour y brancher une télécommande permettant de déclencher le boîtier à distance en mode photo. Fonctionnalité très prisée des photographes de sport et photographes animaliers… Vous faites ce que vous voulez de cette info.

Parlons maintenant stockage, puisqu’il y a du nouveau là aussi. La C50 conserve le double slot média de toutes les caméras Cinema EOS mais sur 2 formats différents. Le slot principal contient ainsi une CFexpress de Type B là où le slot secondaire conserve une carte SD comme la C70 et la C80. Et ça… ça implique plusieurs changements. Parce que pour vous la faire courte là où une carte SD est limitée à un débit garanti de 60Mo/s en V60 et 90Mo/s en V90… la CFexpress Type B de par sa double interface PCIe 3.0 monte jusqu’à des débits 16x plus rapides que la SD en V90 soit un débit de 1.5 Go/s. De plus, les CFexpress sont reconnues pour avoir une meilleure dissipation de la chaleur, notamment grâce à leur architecture métallique là où les SD sont très souvent en plastique.

Et donc assez paradoxalement, cette C50, qui est pourtant je le rappelle en dessous de la C80 en terme de gamme, permet des débits de données largement supérieurs. Mais ça veut aussi dire que nécessairement si vous voulez attaquer ces plus gros débits il faudra vous équiper en CFexpress de type B. Mais si vous prévoyez de ne tourner qu’en HEVC ou H.264 vous pouvez vous contenter d’une carte SD en V60 ou V90.
Parlons très rapidement des différents formats et débits permis par cette caméra. On commence par le Cinema RAW Light, avec 3 niveaux de compression, LT, ST et HQ pour des débits allant de 1550 à 2420 Mbps en 7K. Notez d’ailleurs qu’en Open Gate vous sereez limité à 25 images par seconde et que le RAW HQ ne sera pas disponible. Les modes Super35 et Super16 quant à eux réduisent fortement les débits.


On a également différents codecs pour un usage plus immédiat comme le XF-AVC de Canon en 4:2:2 10-bit, Intra ou LongGOP selon les besoins. On a remarqué cependant que ce format pouvait poser quelques problèmes sur Adobe Premiere Pro, c’est pourquoi on vous recommande plutôt d’utiliser le format suivant, le HEVC (ou H.265) à condition d’avoir un ordinateur assez costaud car ce format est plus économe en stockage mais plus gourmand en ressource lors du montage. Et c’est d’ailleurs dans ces 2 formats que la caméra permet des ralentis jusqu’à 120 images par seconde en 4K depuis son capteur 7K.

Son capteur 7K vous permet également, en mode photo, de faire des clichés en RAW à 32 Megapixels, ce qui la rend beaucoup plus utilisable en photo qu’une caméra comme la FX3. La bascule d’un mode à l’autre se fait en quelques secondes et comme sur le R5C, Canon a réussi à faire cohabiter 2 OS au sein du même boîtier afin que personne ne soit perdu. Le mode photo reprend par ailleurs quelques fonctionnalités appréciées du R5 Mark II comme la rafale à 40 images par seconde et le pré-déclenchement en rafale. Attention cependant ces fonctionnalités ne sont disponibles qu’avec des batteries LP-E6P.


Car c’est un point qu’on se devait de soulever, cette C50 comme le R5C avant elle est alimentée par des batteries LP-E6. Et ces batteries… bah il en existe 4 versions. La dernière en date, la LP-E6P est suffisamment puissante pour alimenter la caméra et tous ses accessoires. Cependant si vous êtes déjà équipé en batteries LP-E6N ou LP-E6NH vous devrez veiller à ne pas activer certaines options comme par exemple la luminance de l’écran sous peine de voir votre objectif…. refuser de s’allumer. C’est pourquoi nous vous recommandons plutôt de partir sur des batteries LP-E6P afin d’éviter ce genre de soucis.
Maintenant qu’on a fait le tour des specs de cette caméra, parlons de ses différents usages. Il y en a un qui saute aux yeux direct, c’est pour un usage Run & Gun en mono-opérateur.

Sans sa poignée la C50 est une caméra hyper compacte et très discrète pour amener sur le terrain. Équipez-la d’un 28-70mm f/2.8 stabilisé et d’un petit micro HF comme le Lark Max 2 de Hollyland pour récupérer du 32-bit à virgule flottante et vous avez une config hyper polyvalente à emmener partout avec vous. Vous faites une interview et avez besoin d’un son d’excellente qualité ? Il vous suffit alors de remettre la poignée XLR pour récupérer des connectiques professionnelles et tout ça avec une qualité d’image remarquable issue d’un capteur 7K. La double base ISO avec sélection automatique déjà évoquée dans notre présentation de la C80 est également présente sur la C50, permettant ainsi des changements d’environnements lumineux tout en douceur : les vidéastes de mariages devraient apprécier…

Et comme aujourd’hui on sait que les contenus sont essentiellement tournés en horizontal et partagés en vertical… Canon a ajouté une fonction qui permet sur la seconde carte d’enregistrer une version verticale de votre vidéo principale. Ainsi, plus besoin de devoir passer par un logiciel de montage juste pour recadrer votre plan, à peine tourné, avec la qualité audio de la C50, vous pouvez le partager immédiatement.
Et comme la C50 reprend le système de LUT personnalisées de la gamme Cinema EOS, vous pouvez importer votre LUT dans la caméra et la graver sur vos images dès la prise de vue. Vous bénéficiez ainsi de la grande dynamique du CanonLog2 mais avec une colorimétrie personnalisée directement à la prise de vue, vous évitant ainsi d’utiliser une simple courbe Rec.709 et conserver la portée artistique de vos images.

Et ce genre de fonctionnalités sera très pratique si vous faites du live avec cette C50. Car c’est également une caméra qu’on peut sans problème imaginer dans des captations et diffusions en direct. Que ce soit du corporate ou même du sport grâce à son autofocus Dual Pixel hyper réactif et son petit gabarit la rendant idéale pour installer sur des stabilisateurs, des cablecams ou tout simplement dans un coin du décor avec un ultra grand angle.
Son port USB-C permet à la fois de la connecter en réseau via adaptateur RJ-45 et de transférer rapidement les images vers des services de cloud comme frame.io.

Autre fonctionnalité qui sera grandement utile pour du live, c’est son zoom numérique. Ce zoom que vous pouvez activer depuis les menus ou en lui assignant une des 14 touches personnalisées de la caméra vous permet de zoomer jusqu’à 4x dans votre image en utilisant le petit curseur de zoom présent au niveau de l’index droit. Attention cependant, on a fait quelques tests et il est évident que la qualité d’image en prend un coup si vous enregistrez votre rush… mais si votre but c’est d’envoyer votre signal depuis un capteur 7K, capté en 4K, puis streamé en 1080p… autant vous dire que ce qui va massacrer votre image c’est pas tant votre zoom numérique que le faible débit permis par les plateformes aujourd’hui. YouTube par exemple c’est 12mbps en 1080p50. Donc c’est utilisable, tout comme le téléconvertisseur numérique mais uniquement pour certains usages où vous avez besoin d’un zoom parfaitement maîtrisé. Et si vous voulez limiter la perte de qualité au maximum, arrêtez-vous au zoom 2x, ce qui vous double déjà votre plage focale. Ainsi un 28-70mm devient un 36-140mm et un 70-200mm devient un 140-400mmn ce qui vous sera bien utile pour certaines captations où on n’a pas forcément la possibilité d’être au plus proche du sujet.

Ce zoom numérique vous pourrez aussi le contrôler directement depuis votre régie puisque la C50 est compatible avec tous les protocoles réseaux habituels de Canon à savoir, le XC Protocol (qui permet le pilotage complet de la caméra via HTTP), le Browser Remote (qui permet le pilotage complet de la caméra via une interface web sécurisée) ainsi que le streaming par IP en 1080p via SRT, RTSP, RTP et UDP. La liaison réseau se faisant en Ethernet via un adaptateur USB-C vers RJ45 ou Wi-Fi; notez cependant que certains modes (comme le RAW et le HEVC-S) désactivent le streaming IP, il faudra impérativement que la caméra soit en mode XF-AVC pour permettre cet usage
Et enfin, malgré son look qui ressemble beaucoup trop à une FX3, on sent que Canon ne vise pas tant les utilisateurs de cette dernière mais au contraire ceux qui hésiteraient encore à passer sur le best-seller de poche de Sony et surtout les utilisateurs de BlackMagic Pocket qui sont par la force des choses, déjà équipés en optiques Canon EF. En effet, qu’on aime ou qu’on n’aime pas la gamme Pocket de Blackmagic, on ne peut pas nier que ce sont des caméras qui ont su créer leur place sur le marché en apportant de nombreuses innovations, notamment sur les formats d’enregistrement.
Mais en 2025, l’arrivée tardive d’un autofocus encore balbutiant uniquement sur le modèle le plus récent de la gamme, l’absence de réelle interface audio, une ergonomie qui divise et les contraintes du fait de tourner obligatoirement en RAW peuvent amener ces utilisateurs de Blackmagic à vouloir aller vers de nouveaux horizons. Et jusqu’à maintenant beaucoup partaient chez Sony avec la FX30 pour les plus petits budgets ou la FX3 pour ceux qui voulaient passer au plein format. Mais ça voulait dire aussi changer tout son parc optique pour passer en monture E ou recourir à des adaptateurs tiers.
Aujourd’hui, un utilisateur de Blackmagic Pocket peut, pour moins cher qu’une FX3 s’offrir une caméra qui a un vrai autofocus, une meilleure ergonomie, des vrais ports XLR professionnels pour l’audio, une stabilisation numérique, 14 boutons assignables et un filtre variND intégré. Ha oui, je vous ai pas parlé du filtre VariND…

Quand Canon a sorti son premier boîtier EOS R, ils l’ont accompagné de 3 bagues pour permettre de monter les optiques EF sur leur nouvelle monture RF. Et parmi ces 3 bagues, il y avait une bague avec filtre ND variable intégré. Et si aujourd’hui votre parc optique est en EF il ne fait aucun doute que c’est cette bague que vous devriez prendre avec la C50 car mine de rien ça en fait une sorte de mini C80 mais pour beaucoup moins cher !

En bref, entre renouveau et consolidation de la gamme, cette C50 se veut être une alternative à la FX3 de Sony. Elle en reprend les grandes lignes, ajoute quelques nouveautés bienvenues comme l’enregistrement en vertical sur la seconde carte, un vrai mode photo exploitable de 32 megapixels, du RAW en interne, une poignée complète avec commande d’enregistrement, plein de fonctionnalités réseau absentes de la FX3 et surtout je le redis mais si vous utilisez des optiques Canon en EF, vous pouvez ajouter à toute cette config un filtre ND variable en interne ce qui vous facilitera grandement la vie.


